NEET, inégalités entre jeunes et non-recours

Les préoccupations politiques, économiques, sociales, et morales autour de la catégorie des NEET sont fortes. Elles se retrouvent concernant les jeunes en situation de non-recours et reflètent les injonctions qui pèsent sur les jeunes adultes de suivre les rails de la formation et de l’emploi. La diversité des expériences sociales des NEET rappelle les inégalités entre les jeunes qui ne disposent pas des mêmes ressources et n’ont pas nécessairement la possibilité de bénéficier de politiques publiques inexistantes, insuffisantes ou défaillantes. Les trois types d’expériences sociales relevés par Cécile Van de Velde (« alternatives » ; « suspensions » ; « impasses ») montrent également que les formes de non-recours qui peuvent concerner les jeunes ne sont pas du même ordre. Du point de vue des pouvoirs publics comme de celui des individus, le non-recours ne porte pas les mêmes significations, ne soulève pas les mêmes enjeux et ne pose pas nécessairement problème. Si le non-recours à l’aide publique accentue généralement la vulnérabilité des individus, il prend également la forme d’une contestation, voire d’une émancipation des normes sociales dominantes. Il s’agit alors de prêter attention à la façon dont le non-recours des jeunes est ou n’est pas constitué comme problème public selon les situations et les contextes. Il s’agit également de voir dans quelle mesure les catégories mobilisées par les pouvoirs publics s’ajustent aux expériences sociales des individus rassemblés sous une même étiquette. L’approche par le non-recours des expériences sociales des NEET offre certaines perspectives pour répondre aux critiques adressées à cette catégorie. Cette approche facilite un travail d’objectivation des représentations sociales négatives qui pèsent sur les jeunes NEET présumés éloignés des institutions publiques et des normes sociales. Elle permet également de questionner les logiques sociales, institutionnelles et politiques à l’œuvre dans la construction de cet éloignement. Cet éloignement est-il réel ou supposé ? Comment le mesurer ? Comment le qualifier ? Qui en a la responsabilité ?