NEET, inégalités entre jeunes et non-recours

Les préoccupations politiques, économiques, sociales, et morales autour de la catégorie des NEET sont fortes. Elles se retrouvent concernant les jeunes en situation de non-recours et reflètent les injonctions qui pèsent sur les jeunes adultes de suivre les rails de la formation et de l’emploi. La diversité des expériences sociales des NEET rappelle les inégalités entre les jeunes qui ne disposent pas des mêmes ressources et n’ont pas nécessairement la possibilité de bénéficier de politiques publiques inexistantes, insuffisantes ou défaillantes. Les trois types d’expériences sociales relevés par Cécile Van de Velde (« alternatives » ; « suspensions » ; « impasses ») montrent également que les formes de non-recours qui peuvent concerner les jeunes ne sont pas du même ordre. Du point de vue des pouvoirs publics comme de celui des individus, le non-recours ne porte pas les mêmes significations, ne soulève pas les mêmes enjeux et ne pose pas nécessairement problème. Si le non-recours à l’aide publique accentue généralement la vulnérabilité des individus, il prend également la forme d’une contestation, voire d’une émancipation des normes sociales dominantes. Il s’agit alors de prêter attention à la façon dont le non-recours des jeunes est ou n’est pas constitué comme problème public selon les situations et les contextes. Il s’agit également de voir dans quelle mesure les catégories mobilisées par les pouvoirs publics s’ajustent aux expériences sociales des individus rassemblés sous une même étiquette. L’approche par le non-recours des expériences sociales des NEET offre certaines perspectives pour répondre aux critiques adressées à cette catégorie. Cette approche facilite un travail d’objectivation des représentations sociales négatives qui pèsent sur les jeunes NEET présumés éloignés des institutions publiques et des normes sociales. Elle permet également de questionner les logiques sociales, institutionnelles et politiques à l’œuvre dans la construction de cet éloignement. Cet éloignement est-il réel ou supposé ? Comment le mesurer ? Comment le qualifier ? Qui en a la responsabilité ?

Un manque de clairvoyance

Une étude est récemment sortie que je trouve fascinante. Des scientifiques sont parvenus à déterminer la valeur que nous octroyons aux services sur internet. Si les personnes interrogées étaient dans l’ensemble prêtes à délaisser Facebook contre quelques dollars par mois, il leur aurait fallu 17500 dollars par an pour ne plus avoir de moteur de recherche, ou 8500 dollars pour ne plus avoir de messagerie électronique. Toujours est-il que la majorité des services numériques sont gratuits, et si la recherche en ligne vaut vraiment 17500 dollars par personne et par an, alors c’est l’équivalent d’un tiers du PIB américain.
Cette étude indique à quel point le réseau social a peu de valeur d’après nous : un moteur de recherche nous paraît valoir 60 fois plus. Malgré tout, Facebook est bien plus valorisé que cette dernière. Et cela décrit bien la particularité de Facebook : c’est un service moyen, mais particulièrement lucratif, et dont l’utilisateur est otage du fait du réseau.
Je pense que nous devons de toute urgence trouver une manière de changer les réseaux sociaux en sur le modèle de l’e-mail : un profil portable qui peut être passé facilement à un autre fournisseur, comme nous pouvons le faire avec notre numéro de portable avec la portabilité du numéro, et composer n’importe quel numéro de téléphone dans le monde. Diverses propositions ont été exposées : Certains proposent notamment un système appelé “Solid”, qui permettrait aux internautes de contrôler leurs propres données et de ne les remettre aux plateformes qu’en connaissance de cause.
Un autre article scientifique mérite également d’être mentionné. Des chercheurs ont demandé aux étudiants du MIT quelle valeur ils donnent à leurs données personnelles, et à celles de leur entourage. Le résultat est loin d’être cohérent avec les précédents. Les interrogés ont en effet fait des choix très distincts selon les incitations ; ils délaisseraient sans hésitation leurs données individuelles en échange d’une pizza ! La valeur d’ordre financier que nous donnons à des services tels que les mails et la recherche en ligne est limpide. Mais nous en donnons bien moins à notre intimité. Les choses ne risquent donc pas de changer en profondeur.